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Vous
incarnez dans ce jeu un Enfant de l’Aurore. Une modification génétique
fait de
vous un être surdoué. Vous cherchez à comprendre l’origine de cette
mutation et
luttez contre la Faune et la corporation Gènetech qui n’ont qu’un seul
but :
vous asservir.
Dans
votre quête, vous tenterez de rendre leur humanité aux Enfants du
Crépuscule,
des êtres fascinants et maléfiques qui n’ont pas eu la chance de naître
comme
vous dans un monde où la technologie et le respect de la nature
cohabitent en
harmonie.
En guise de
présentation,
voici le récit de quelques épisodes de la vie de Thilaï, un Enfant de
l’Aurore.
Thilaï vient de naître dans la belle vallée de Xiang. Sa mère le contemple avec adoration et son père est emplit de fierté. Leur joie résonne dans l’espace psy et déjà, les frères et sœurs de Thilaï sentent la bonne nouvelle depuis les bancs de l’école. Personne ne se préoccupe du médecin qui repart discrètement avec un petit tube dans la poche.
Dans le jardin, le nez en l’air, la mine envieuse, il contemple son frère qui glisse dans les airs sur un répulsurf. A travers la fenêtre ouverte, un homme le regarde avec un sourire las, qui fait frémir ses épaisses moustaches. Il se retourne en redressant machinalement le col de son uniforme et fait face aux parents de Thilaï. Puis ses mains redescendent et viennent se placer dans son dos, en un vague rappel de la position de repos règlementaire. L’homme attend la réaction des parents.
Sans l’avoir vraiment décidé, la mère de Thilaï se lève, un peu raide. Une fois debout, elle aussi croise brièvement les mains derriere le dos, face à cet homme au comportement martial, elle semble retrouver les gestes instinctifs du soldat qu’elle était.
- Capitaine Bruce, commença t-elle, puis, après une interruption,
- Monsieur Bruce, nous nous connaissons depuis que vous avez pris le commandement de la base FSC de Xiang. J’ai une très grande confiance en vous.
- Et moi aussi, ajouta monsieur N’Kalli.
- La menace dont vous nous parlez me semble réelle et nous sommes prêt à suivre vos consignes, n’est-ce pas Vishanti ?
- Oui, mais pour l’instant, tout cela n’est pas très… concrêt, répondit monsieur N’Kalli.
L’homme en uniforme prit une inspiration. Ils sont sur la bonne voie se dit-il.
- Et bien, la première chose à faire est de localiser tous les documents qui pourraient faire penser que Thilaï possède des aptitudes exceptionnelles. Ensuite il faudra, lorsque cela sera possible, modifier ces documents…
L’homme en uniforme leur expliqua patiemment les actions à mener et les procédures à suivre. Il aborda le rôle des Protecteurs qui veillent à distance sur la sécurité des Enfants de l’Aurore, et insista sur l’objectif de cette organisation secrète : permettre à ces enfants de choisir librement leur destinée, sans avoir à subir les pressions de l’Armada ou des Corpos, et surtout empêcher les faunards d’en faire des cyber-esclaves.
L’ombre des feuilles de bambou dessinent un entrelacs fragile sur le visage du jeune garçon. Il essuit la sueur qui macule son front d’un geste. Thilaï scrute intensément les abords du fleuve à la recherche de la source du bruit qu’il vient d’entendre. Derrière lui, un autre garçon regarde dans la même direction, l’air perplexe.
- Thilaï, il faut qu’on rejoigne les autres, Estban a dit qu’on devait rester grouper.
- Chut ! je suis sûr qu’il y a des ennemis pas loin. Je les ai entendu parler.
Il s’interrompt, persuader d’avoir entendu quelqu’un s’approcher. Il sursaute en voyant à quelques pas de Li-Jong, une silhouette massive. L’homme qui vient de se glisser jusqu’ici presque sans bruit fait près de deux mètres, il porte une combinaison de camouflage et la poignée de son épée dépasse de son épaule gauche. D’un regard, il fit comprendre aux enfants qu’il n’était pas content de les trouver ici.
« Mais je suis sûr qu’on va nous attaquer ! » répéta Thilaï en suivant Li-Jong.
Le colosse silencieux regarde brièvement les champs alentours puis fait avancer le petit groupe à travers les bambous. Ils regagnent une clairière encaissée où une vingtaine de gamins surexcités tentent à grand peine d’attendre en silence. Ils jettent des regards lourds de reproche aux deux lâcheurs. Chacun y va de son petit commentaire :
- Heureusement qu’il fait encore jour, en pleine nuit, avec un illuminé pareil, on serait visible à des kilomètres.
- Eh, Thilaï ! fais attention, il y a un ennemi sous tes bottes !
- Attention, revoilà l’intrépide explorateur Thilaï et…
- Ken ! I-Lung ! allez chercher du roseau pour le camouflage !
Les trublions s’éparpillent vers le fleuve en poursuivant leurs invectives à voix basse. Thilaï est vexé par la réaction des autres, pour un peu, il voudrait partir, alors que la veille, il était fou de joie à l’idée de participer à sa première SimTac.
Les SIMulations TACtiques sont un loisir très prisé des Confédérés. Pour les jeunes, c’est un moyen de jouer à la guerre et pour les plus grands aussi, en fait. Dans une zone de la galaxie aussi excentrée que le système Terr, les SimTac permettent en outre de préparer la population à bien réagir en cas de raid de la Faune. Chacun est vêtu pour l’occasion d’une combinaison de sécurité qui, en cas d’impact, durçit instantanément et absorbe l’énergie cynétique. Lorsqu’on frappe une combinaison avec une épée SimTac, elle change de couleur. Lorsque la combinaison est rouge, le joueur est éliminé.
Le scénario du jour a isolé un groupe d’enfants qui doit regagner la base alpha sous le commandement d’Estban, un guerrier expérimenté mais solitaire, qui peine à contenir la fougue de sa troupe d’exaltés. Pour l’heure ils se préparent à reprendre leur chemin lorsque Estban se fige. D’un geste codé il ordonne la dispersion générale ! Thilaï, lui, s’est déjà jeté à couvert suivi par un Li épouvanté. Quelques secondes plus tard chacun est immobile, accroupit ou à plat-ventre. On entend plus que le murmure de la rivière. Une ombre se déplace sur la cîme des roseaux et Thilaï aperçoit distinctement une motorep survoler leur abri à vitesse réduite. Il retient son soufle et entend battre son cœur. Puis le léger sifflement des propulseurs s’éloigne, Estban donne l’ordre de se rassembler et d’avancer.
La base alpha n’est plus très loin. Le groupe longe la rivière, et chacun porte un bouclier de roseaux sous lequel se cacher en cas de nouvelle reconnaissance aérienne. Estban surveille le ciel, les sens aux aguets et Thilaï patauge derrière le géant. Le garçon avance maladroitement, les yeux fièvreux et le front brûlant. Il ne se sent pas très bien depuis qu’il a entendu les voix dans sa tête, juste avant l’arrivée de la motorep. Son ami Li le soutient comme il peut, et l’aide à porter son camouflage.
Sur un signe d’Estban, la troupe fait une halte. Les bambous deviennent rares et il faut maintenant s’éloigner de la rivière et traverser les champs sur près d’un kilomètre. Après ils auront rejoint la base alpha, certainement en un temps record, ce qui leur donnera un avantage pour la grande scène de bataille finale que tous attendent avec impatience. Pour l’heure, ils se préparent, par groupes de cinq. Ils vont devoir courir à découvert jusqu’à une zone abritée, distante d’une cinquantaine de mètres. Estban fait le trajet avec la rapidité d’un tigre et revient donner ses consignes au premier groupe. Les cinq enfants se précipitent en désordre, trébuchent à plus d’une reprise, mais finissent par arriver à bon port. Le second groupe s’élance et fait de même, mais un des enfants fait tomber son camouflage et reste à découvert pour le chercher. Tout le monde lève un regard tendu vers le ciel. Thilaï est lui aussi très concentré. Soudain, il entend distinctement une voix, venue de nulle part :
« Ici Dragon Cinq, nous survolons le fleuve en direction de l’est. Je viens de passer le village de HunTao, RAS. »
Thilaï pousse un cri, Li le secoue :
- Qu’est ce qui te prend ?
- Ils arrivent ! Il y a un éclaireur qui arrive, Estban !
Mais le guerrier est parti avec le troisième groupe pour ramasser le trainard et son camouflage. Il entend le cri de Thilaï et pousse un grognement. Il voit le gamin faire le sémaphore, singeant tant bien que mal le signe de dispersion. C’est alors qu’Estban voit les oiseaux qui fuient en amont de la rivière. Il comprend immédiatement ce que cela signifie…
Dragon Cinq arrive à un méandre du fleuve où la végétation est plus clairsemée. La motorep vole à basse altitude afin de ne pas accrocher les radars de la base ennemi. Le pilote et son co-équipier voient au même moment des mouvements au sol. Apparemment, des enfants tentent de se mettre à l’abri. Le pilote décide de se rapprocher, et commet sa dernière erreur de la partie.
Le co-équipier pousse un cri lorqu’il voit un filin s’enrouler sur le marche-pied de la motorep. Le filin se tend et l’appareil se penche sous le poids d’Estban qui se hisse à bord, le sabre à la main, remorqué par le treuil rapide de son filin. Le pilote veut appeler du secours, mais les communications sont brouillées. Son co-équipier passe par dessus bord, une grande entaille rouge imprimée sur sa combinaison…
Thilaï se réveille dans sa chambre, bien des heures plus tard. Il a encore de la fièvre, mais sa tête ne lui fait plus aussi mal. Sa mère est à ses côtés et le rassure. Elle lui explique qu’il a été évacué lorsque son équipe a rejoint la base alpha. Thilaï est déçu de ne pas participer à la bataille finale, mais il comprend que quelque chose d’important s’est passé lorqu’il aperçoit le Capitaine Bruce qui s’approche en souriant, et se lance dans une longue explication. Avant la fin de la première phrase, Thilaï a compris que, pour la première fois, son pouvoir d’Enfant de l’Aurore s’est manifesté.
La pluie s’abat avec violence sur les fenêtres du vieux manoir anglais. Depuis le petit salon, on distingue à peine la navette posée sur la pelouse. Thilaï tire les rideaux et vient rejoindre les personnes assises sur les canapés. Il les dévisage tour à tour en souriant. Posée plus qu’assise sur un tabouret rond, Chung-Lee lui rend son regard. Toujours prête à l’action, elle change sans cesse de position et semble prête à s’élancer à tout instant dans n’importe quelle direction. Ses mains ne s’éloignent pas de la commande de son écran, ni de la poignée de sa rapière.
Perché au bord d’un fauteuil trop grand pour lui, Zong retourne à Thilaï un regard désorienté. Les mains du jeune homme manipulent avec dextérité un StylTech, l’outil multifonction avec lequel il vient de régler le bloc serveur qui ne le quitte jamais. Il se remet à peaufiner les réglages et le regard circulaire de Thilaï s’arrête sur Paolo, affalé sur le plus grand canapé, les yeux mi-clos, la main plongée dans une boite de gâteaux qu’il vide consciencieusement. Thilaï se demande ce que voit le cyberpilote. Sans doute regarde t-il à travers les yeux électroniques de son drone ? ou encore par les senseurs longue portée de la navette ?
Chung-Lee se lève lorsque quelqu’un frappe à la porte et entre. C’est une grande femme à la peau pâle et aux cheveux roux mêlés de blanc. Thilaï va à sa rencontre.
« Bonsoir Madame Chanders » dit-il dans le micro de son col. Son bracelet-kit assure la traduction d’une voix que Thilaï espère douce et rassurante. Il ne connaît pas un mot d’Europan, et doit se fier à ce programme pour assurer la traduction.
Chung-Lee a rejoint le grand canapé et donne un petit coup de pied à Paolo, qui sursaute et s’assied en grommelant. Zong s’est levé pour saluer Mme Chanders d’une inclinaison de la tête.
- Bonsoir à tous, j’espère ne pas vous avoir fait trop attendre mais les enquêteurs avaient beaucoup de questions à me poser.
Elle parle lentement et le traducteur retransmet ses paroles dans l’oreillette de Thilaï. Ses dons d’empathe lui disent que la femme est lasse et qu’elle ne croit pas à l’utilité de leur démarche. Elle cherche à le cacher mais ignore qu’on ne peut mentir à un empathe. Elle écoute patiamment les explications du jeune confédé.
- Nous souhaitons vous aider à retrouver votre mari. Pour cela, nous allons faire une recherche dans ce qu’on pourrait appeler « le monde des esprits » et que nous nommons Espace Psy – le traducteur trébuche sur ce terme – C’est… un univers virtuel engendré par les pensées humaines qui échappent à la conscience.
Mme Chanders acquiesse poliment. Thilaï reprend :
- Il existe une technique qui permet de projetter notre esprit dans l’espace psy afin d’y chercher des informations. Nous appelons ça une « quête dans l’inconnu ».
Devant le regard inexpressif de son interlocutrice, Thilaï abrège ses explications.
- En fait, nous avons besoin de vous car vos sentiments pour votre mari vont nous guider vers lui dans notre quête. Tout ce que je vous demande, c’est de vous asseoir un instant avec nous, et d’écouter mes consignes.
A Chung-Lee : « tu veux bien m’aider, il faut que nous formions un cercle ». La jeune chinoise pose ses armes, et sans effort apparent, rapproche les lourds fauteuils du canapé. Zong range son StylTech, enlève ses gants et vient s’asseoir. Paolo se lève et ouvre brièvement la fenêtre, le temps de faire rentrer un drone de forme oblongue, qui se pose sans bruit à côté des armes de Chung-Lee. Ensuite, il déconnecte sa broche. Ils sont alors tous les cinq assis en cercle, se tenant par la main.
Thilaï fait parler Mme Chanders de son mari, de leur rencontre et des moments forts qu’ils ont vécu ensemble. Tous ont fermé les yeux et adopté une respiration ample, hormis Mme Chanders qui ne pratique pas d’exercices de relaxation depuis l’enfance.
Thilaï est devenu un empathe de premier ordre. Il passe sans effort du temps réel à l’espace psy, tout en continuant à parler à Mme Chanders et en surveillant ses amis. Chung-Lee, comme la plupart des femmes, est à l’aise avec le monde des émotions, et son passage s’opère sans problème. De plus, Thilaï la connaît depuis l’adolescence, ce qui créé un lien entre eux. Zong est timide et secret ; ses aptitudes empathiques ne sont pas excellentes néanmoins il fait confiance à Thilaï et admir beaucoup Chung-Lee. Le cas de Paolo est plus problématique. Le pire n’est pas la nullité de ses dons empathiques mais plutôt l’attitude désinvolte et dédaigneuse qu’il affiche jusqu’ici. Thilaï sait que le cyber-pilote s’implique beaucoup dans le groupe et apprécie les autres à sa manière. Mais si il ne montre jamais ses sentiments, Chung-Lee et Zong prennent cela pour de l’indifférence. Quant à Mme Chanders, même si elle le cache très bien, Thilaï la voit rayonner d’affection en évoquant son mari. C’est cette lumière qui les guide dans leur quête.
Thilaï cligne des yeux et passe dans l’espace psy.
Lorsqu’il rouvre les yeux, il est dans une cuisine et perçoit un tandoori qui cuit à feu doux. L’odeur des épices flotte dans l’air chaud et un grésillement joyeux provient de la casserole. Thilaï pense à ses trois amis. Le robinet se met à couler. L’eau, loin de disparaître dans l’évier, s’élève dans les airs pour former une petite silhouette féminine. C’est l’avatar de Chung-Lee qui prend bientôt une taille humaine. « Prem’s » s’écrie t-elle avec fierté. « Deu’z » lui répond Zong, qui vient d’entrer plus simplement par la porte. Son avatar n’a rien de différent du vrai Zong, mis à part ses mains qui semblent faites d’or.
Paolo se fait attendre. Thilaï pense à lui afin de guider le brésilien, qui finit par sortir du frigo où il s’était égaré. « Salut ! ».
- Ok, tout le monde est là. Avant de commencer la quête, je vous rappelle quelques points importants : l’inconnu est un endroit dangereux. Si votre avatar se fait tuer ou emprisonner, vous tomberez dans le coma. Ne vous éloignez pas de moi, je peux vous faire regagner à tout instant l’espace réel si votre avatar est blessé. Une fois la quête commencée, tout doit se passer très vite. Si la situation s’éternise, je me fatiguerai et il faudra repartir. Et nous aurons échoué. Enfin rien ne vous oblige à participer. C’est ma quête, et pour vous la première. Si vous avez un doute, je vous renvoie à la réalité et on essaye autre chose…
Paolo l’interrompt :
- Moi, j’y vais. Tu sais bien qu’on n’a pas le temps d’essayer autre chose.
Zong lève une main dorée :
- Je suis partant aussi.
Chung-Lee ajoute :
- Euh, c’est pas vraiment rassurant tout ça, mais je te fais confiance.
- Alors, en route pour l’inconnu ! dit Thilaï. La question est : où est Mr Chanders ?
D’un geste théatral, il pointe le doigt vers la casserole et une épaisse fumée envahit toute la pièce. Chaque quêteur se sent happé dans un maelstrom et il leur semble que leur avatar est étiré comm un élastique avant de reprendre brusquement sa taille normale. Ainsi malmené, seul Thilaï parvient à garder l’esprit fixé sur une lointaine lueur rose qui le guide. Il doit utiliser tous ses dons pour parvenir à garder le cap donné par cette lueur, tout en maintenant ses amis dans son giron. Il perd un bref instant Chung-Lee mais celle-ci parvient à revenir sur les traces de Thilaï. Pour ce faire, elle a évoqué certains souvenirs communs, ce qui a « resseré le lien ».
Des paysages impossibles défilent autous d’eux et des émotions désordonnées les traverses. Un rire violent et cruel accompagne des images d’arbres dont l’écorce semble de chair. Puis les voyageurs furent plongés dans une chaleur douce et réconfortante et l’air s’embauma du parfum d’un sourire. Ils voient une larme de joie tomber dans un océan et couler comme une bille de plomb. Puis les flots s’ouvrent, l’océan disparaît et fait place à un paysage plus stable, le lieu de la quête, le théatre d’une énigme.
Les quatre avatars se matérialisent sur les bords d’une falaise abrupte. Paolo attrape Thilaï par la manche et ils s’éloignent tous du vide en regardant autours d’eux. Ils voient une plaine de rocs rouges et aride et le ciel est bouché par des nuages écarlates. Chung-Lee voit un serpent rouge se glisser sous un rocher. Zong avance et la poussière rouge se soulève sous ses pas, formant des silhouettes fantomatiques avant de retomber sur le sol.
« Quelqu’un vient vers nous ! » s’écrie Paolo. Un homme avance droit vers la falaise. Il n’a pas de visage et aucun poussière ne s’élève sous ses pas. Une lumière violente et brève aveugle un moment les quêteurs et leur apporte une certitude : si l’homme tombe dans le gouffre, alors la quête sera un échec.
L’homme n’est plus qu’à une dizaine de mètres du précipice. Paolo s’interpose et lève la main :
- Arrêtez-vous !
L’homme s’arrête face au brésilien qui l’interroge :
- Où allez-vous ?
- Droit devant moi, répond l’homme.
- Arrêtez, vous allez tomber.
- Non, je ne tomberai pas, je ne suis pas homme à trébucher comme un infirme.
L’homme lève le poing. Une trainée d’étincelle accompagne le mouvement.
- Pousse-toi, crie Thilaï
Trop tard, le coup est parti, suivi d’un éclair et l’avatar de Paolo est projeté vers le gouffre. Thilaï murmure quelques mots en bougeant les mains. Une paire d’ailes apparaît derrière le dos du brésilien. Ce dernier échappe ainsi à sa chute et se met à survoler ses amis. Mais l’homme sans visage continu d’avancer. Thilaï fait alors surgir un mur afin de dévier l’étrange personnage, mais la parois vole en éclats à son contact.
« Il y a quelque chose là-bas » dit Paolo, toujours en l’air. Il vole dans la direction où est apparu l’homme sans visage. Au sol, Chung le suit au pas de charge.
L’inconnu pose un pied dans le vide.Il va tomber.
Zong dit à Thilaï : « il faut gagner du temps, fais lui un pont. » L’empathe acquiese et, d’un geste, fait apparaître une corniche. L’homme y pose un pied et s’arrête, apparemment surpris puis il reprend sa marche. Thilaï chancelle sous l’effort que lui demandent toutes ces invocations. Il sent qu’il ne pourra plus tenir très longtemps. Il faut rejoindre les autres et trouver une solution avant que l’homme n’atteigne le bout de la corniche. Zong et lui courrent et Paolo vient à leur rencontre pour leur expliquer la situation :
- Lorsque je suis arrivé, j’ai vu un enfant assis face à un mur. Je me suis poser à côté de lui mais en battant des ailes, j’ai soulevé un nuage de poussière, qui s’est transformé en un monstre. La créature m’a attaqué et Chung m’a aidé à m’en dépétrer. Nous avons vaincu le monstre mais la poussière soulevé par le combat en a engendré un autre, plus résistant que le premier. Je crois que Chung commence à faiblir.
- Et l’enfant que tu as vu ? dit Thilaï
Il continue de regarder le mur. Qu’est-ce que cela veut dire ?
Thilaï a du mal à trouver la réponse car il se concentre pour maintenir la corniche. C’est Zong qui tranche : « je crois que ce gamin est la clé de tout. Seul lui-même peut se libérer des monstres mais il refuse de les regarder. »
Thilaï acquièce et d’un claquement de doigt, il fait apparaître un objet plat qu’il donne à Paolo : « Contourne le monstre et montre ça à l’enfant. »
« Ok, Thilaï » répond Paolo avant de s’envoler dans un frémissement de plumes. Il survole le monstre alors que Chung, à bout de force, le frappe sans discontinuer. Elle semble parfois s’appuyer sur l’air pour enchaîner les coups.
Paolo se laisse tomber le long du mur et place l’objet devant le visage de l’enfant. Alors, celui-ci voit le reflet du monstre dans le miroir.
L’homme sans visage arrive au bout de la corniche. Il pose un pied dans le vide…
Le monstre se prépare à achever Chung, trop blessée pour se défendre…
L’enfant se retourne, le monstre tombe en poussières, et les quêteurs font maintenant face à l’homme sans visage qui leur sourit peut-être…
La quête est terminée. L’espace psy va maintenant répondre à sa manière à la question initiale de Thilaï : où est Monsieur Chanders ? En un instant, le paysage se couvre de neige et la silhouette sombre d’un château se dessine, il y a dans l’air une odeur de bon vin. Puis tout se fige et s’obscurcit. Thilaï se concentre afin de conserver en lui une trace émotionnelle. C’est cette trace qu’ils vont suivre et qui les mènera à Monsieur Chanders. D’un geste, il renvoie le groupe dans l’espace réel.
La neige tombe sur le castel de Fiézac. Elle recouvre le chemin de ronde et la tourelle, derniers vestiges de l’origine médiévale de l’illustre bâtiment. Un objet rectangulaire de petite taille flotte dans les airs, au dessus de la tourelle. De tous ses capteurs, le robot de surveillance scrute la campagne alentours.
A l’abri des murets d’une ferme à l’abandon, Zong observe le robot. Grâce à son bloc-senseur, il fait le point sur chaque détail de la machine et enregistre précisèment les fréquences de détection utilisées. Il transmet les informations pertinentes à Paolo qui pendant ce temps joue les éclaireurs avancés par l’intermédiaire de son drone. A eux deux, ils parviennent rapidement à inventorier les faiblesses du système de sécurité du château.
A l’intérieur de la ferme en ruines, Chung-Lee vérifie les armes et le matériel. Thilaï contient sa nervosité en observant la carte des environs qui se complète sous ses yeux à mesure de l’avancée du drone.
Ils sont partis la veille au soir de chez Madame Chanders, peu après la quête dans l’Inconnu. Comme ils n’avaient pas l’autorisation de survoler le territoire français, ils s’en sont passé et leur navette a remonté la Garonne de nuit, au raz de l’eau. Ils ont suivi la trace émotionnelle que leur a révélé la quête et Thilaï est resté longuement concentré. Maintenant, après une courte nuit, le moment est venu de passer à l’action.
Ils se regroupent et suivent Paolo jusqu’aux grilles du château. Zong dévie les faisceaux de détection et Chung découpe sans bruit quelques barreaux. Ils traversent la pelouse et longent ensuite le mur de pierres pour arriver à l’aile Renaissance du château et ses grandes fenêtres.
Paolo leur apprend qu’il a localisé Mr Chanders à l’étage supérieur. Zong ouvre la fenêtre et les quatre enfants de l’aurore prennent pied sur le parquet d’un petit salon qui sent la poussière. Chung fait un signe : elle vient d’entendre quelqu’un dans la pièce voisine. Le groupe traverse le salon sur la pointe des pieds, dans la direction opposée. Le plancher craque et grince.
« C’est toi, Vikham ? » lance une voix d’homme.
Chung prend les choses en main : elle branche son écran, fait sortir les autres du salon et se poste à côté de l’autre porte, un fauchard dans une main et un paralysant dans l’autre. La porte s’ouvre et un drone jaillit dans la pièce !
Simultanément, Chung frappe le drone, Zong enclenche un brouillage, et un cri s’élève de la pièce voisine. « Merde » crie Chung, « On est repéré maintenant, Paolo, conduis-nous à Mr Chanders et enclenchez tous vos écrans. »
Elle rejoint les trois autres alors que le drone de Paolo virevolte de porte en porte. Ils montent un escalier quatre à quatre et arrivent dans un long couloir recouvert d’un tapis rouge.
« C’est cette porte ! » Paolo désigne une porte de bois au milieu du couloir, et Zong se précipite pour l’ouvrir. La porte voisine s’ouvre avec fracas. Un homme en sort, un sabre à la main. Dans sa précipitation, il a oublié d’enclencher son écran. Chung s’en aperçoit, lève son paralysant, et appuit sur la détente. Une gerbe d’éclairs bleus traversent le couloir et vient frapper l’homme qui s’effondre.
Un autre guerrier sort de la pièce et Chung se précipite sur lui. Pendant ce temps, Thilaï entre dans la cellule de Mr Chanders et le persuade de les suivre.
« Bonjour, Monsieur Chanders, nous sommes venus pour vous ramener chez vous. Enfilez cette combinaison. »
Thilaï lui tend une combinaison de sécurité et l’aide à s’en vêtir. Elle paraît bien trop grande mais s’ajuste automatiquement aux mensurations de Mr Chanders. Zong y ajoute un écran et ils sont prêts à repartir.
L’adversaire de Chung vient de fuir mais d’autres arrivent par l’escalier. « Par là ! » c’est encore Paolo qui les guide jusqu’à l’autre bout du couloir, face à une double porte. Le brasilien dégaine sa rapière, en fait jaillir la vibrolame, et fait sauter la serrure. Ils arrivent sur le palier d’un escalier circulaire et commencent à monter. Derrière eux, quatre mercenaires se précipitent et fond feu de leur paralysant, mais les éclairs crépitants sont arrêtés par les écrans.
En haut de l’escalier, Paolo est arrêté par une porte métallique. Le temps de découper la serrure, les quatre mercenaires sont sur Chung qui tente de les contenir. Les vibrolames s’entrechoquent et produisent des éclairs. Chung surplombe de quelques marches ses adversaires, elle dévie le premier assaut et parvient ainsi à briser l’élan du second. Elle riposte et atteint l’un des pirates à l’épaule. Ses mouvements sont vifs et puissants. Elle reproduit instinctivement les postures assimilées après des heures d’entraînement et les enchaîne sans s’interrompre. Thilaï parvient à déceler l’étonnement des mercenaires face à un tel adversaire. Il se dit qu’il pourrait amplifier cette émotion grâce à l’art de l’Esquisse.
Un des mercenaires ne prend pas part au combat. Il saute sur la rambarde, replie les jambes et s’élance jusqu’au palier supérieur. Son bon de près de trois mètres de haut surprend Thilaï qui se retrouve nez à nez avec le guerrier aux jambes cybernétiques. Heureusement, Paolo s’interpose en engage le combat.
Chung monte pas à pas et se retrouve bientôt au niveau de Paolo. Elle est à peine blessée alors qu’un de ses adversaires porte une grande entaille sur sa combinaison de combat.
La porte métallique donne sur le chemin de ronde recouvert de neige. Zong, Thilaï et Mr Chanders sont déjà dehors. « Paolo, on passe au plan B » dit Zong en déconnectant le brouillage. D’après ce plan, Paolo devrait télécommander les motoreps pour qu’elles viennent les chercher. « Je m’en charge ». Paolo tente de se soustraire à son adversaire, mais il reçoit un coup dans le dos, et s’effondre au travers de la porte. Son drone s’immobilise et se pose en douceur sur la neige. Chung se retrouve en grande difficulté : elle a quadre adversaires à elle seule et ne peut reculer car elle protège le corps de Paolo.
Thilaï donne la rapière de Paolo à Zong et lui dit « Je vais faire une esquisse. A mon signal, entre et fais mine de te battre aux côtés de Chung ». Zong cligne des yeux et répond « D’accord, je vais ajouter quelques effets spéciaux pour accentuer ton esquisse ». Thilaï se concentre sur une représentation de la scène : il trace l’esquisse. Il y apporte ensuite les changements nécessaires. Chung devient soudain plus menaçante encore et des flammes vertes entourent son fauchard. Toujours dans l’Esquisse, Zong se transforme en un redoutable guerrier vêtu d’un exosquelette. L’Esquisse est traçée. Thilaï y attire les esprits des quatre mercenaires. L’un d’eux lui échappe mais les trois autres vont ressentir de plein fouet l’effet de l’Esquisse.
De son côté, Zong règle le haut-parleur modifié de son bracelet-kit et place une petite boîte sur son casque. Thilaï ploie intérieurement sous l’effort que lui demande l’Esquisse. Il fait signe à Zong qui, du haut de ses un mètre soixante, s’élance férocement aux côtés de Chung en enclenchant à plein volume un concert de hard-rock et les stroboscopes de son casque. L’effet est saisissant ! Le mouvement de frayeur instinctif des mercenaires est amplifié par l’Esquisse et devient une bousculade qui les fait dégringoler l’escalier. Un seul des mercenaires se relève immédiatement, alors que les autres semblent hésiter.
Chung profite de la confusion, prend Paolo sous son bras et le dépose sur le chemin de ronde.
« Je vais le ranimer » lui dit Thilaï. « Peux-tu les retenir encore un peu ? »
« Pas longtemps, je suis blessée aussi. »
Elle se positionne devant la porte, de manière à n’avoir pas plus de deux adversaires. Le premier des mercenaires se jette sur elle.
Thilaï déploie son médikit et se penche sur Paolo. En quelques gestes, il lui injecte un stimulant et recouvre les plaies de tissus artificiels. Le brasilien rouvre les yeux « les motoreps… elles seront là bientôt…» marmonne-t il.
Soudain, les bruits de combat s’arrêtent. Thilaï, Zong, Paolo et Mr Chanders rejoignent Chung. Ils constatent que les mercenaires ont reculés pour faire place à un nouveau belligérant.
C’est un homme grand et mince, vêtu d’une combinaison de combat richement ornée. Il monte lentement les marches de l’escalier. Il n’a pas d’armes en main.
« Laissez moi me charger de nos invités. »
Il regarde fixement Chung, quand soudain…
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: un Jeu de rôle post-apocalyptique de Jean-Romaric alias Dragon-Etoile